Ecrins Prestige

Goulotte Pschitt au glacier Noir

Ascension majeure avec Benoît dans la goulotte "Pschitt" qui à rédigé un texte sur cette longue journée de dimanche 8 novembre. Je le laisse s'exprimer pour vous montrer son bonheur. Après un court passage perturbé quasi hivernal, l’anticyclone se recale sur les Alpes. Je contacte mon guide, Fred, qui me confirme que les conditions sont idéales dans le Glacier Nord, notamment dans la Face Nord de l’Ailefroide. On opte pour la Goulotte Pschitt, drôle de nom pour cet itinéraire d’envergure (en fait c’est le surnom du 1er à avoir parcouru cet itinéraire, Jacques Perrier !), dans une face de 800 m de haut, qui sort sur l’arête faitière des Ailefroides, entre la pointe Fourastier et l’Ailefroide Orientale (pour les amateurs, cotation TD, 3+, M4). J’arrive au chalet samedi en fin d’après-midi. Fred et sa copine passent me voir. ils sont allés en repérage au Glacier Noir. On cale les derniers détails autour d’une bière et on se donne rendez-vous à 2h du matin à Pelvoux. La nuit fut donc (très) courte ! On quitte le Pré de Mme Carle à 2h30, à la frontale. Après 5h de marche d’approche sous une voûte étoilée incroyable comme on en voit l’hiver, nous arrivons enfin au pied de la voie. Fort heureusement, une cordée était passée par là quelques jours avant et avait fait la trace, car on enfonce jusqu’aux genoux dans les pentes sous la rimaye. Après une petite pause thé chaud, c’est parti pour 800m d’escalade ! Les conditions sont top, ça déroule comme on dit ! Je me sens en totale confiance avec Fred, c’est un pro au palmarès impressionnant, et la pose des protections dans ce type de terrain (broches à glace, coinceurs) n’a plus de secret pour lui ! Premier passage clé : un peu de glace à 85° et une section aux alentours de 80° avant une chatière. Esthétique. Quelques pentes de neige permettent de rejoindre la deuxième partie… Je profite à fond de ce voyage en Face Nord, le graal de l’alpiniste ! La deuxième partie commence par un peu de glace à 75° avant LE passage clé de la voie, une section d’environ 5m verticale un peu plus « fine » (et m…le coup de crampon dans le pantalon…), suivie d’une section à 75 – 80°. Là encore, la glace est suffisante et permet de se protéger et de grimper en sécurité. Après la sortie du passage clé nous attendent encore de jolies pentes avec quelques passages qui brassent, en particulier sur les 100 derniers mètres. Ambiance "semoule" sur dalle rocheuse ! Enfin c’est la sortie au soleil ! Il est environ 15h. Grand, grand moment ! Je profite du panorama, même si la course est (très) loin d’être finie… Le sommet de l’Ailefroide Orientale nous tend les bras juste à côté, mais compte tenu de l’heure, on opte pour la descente directe via les rappels côté sud. Les deux premiers se passent sans souci, malheureusement la corde se bloque dans le 3ème. Pendant que je me suis mis à l’abri des chutes de pierre plus bas sur le glacier. Fred se coltine je ne sais comment la remontée dans ce couloir pourri pour décoincer la corde. Une fois ce mauvais moment passé (surtout pour Fed !), nous traversons vers la gauche pour rejoindre la voie normale de l’Ailefroide Orientale. Il est 17h passé, la nuit commence à tomber… Les vires sont enneigées, le cheminement est loin d’être évident dans l’obscurité, mais Fred maîtrise ! Heureusement car je commence vraiment à ressentir la fatigue, et ce qui me paraissait tellement facile la dernière fois que j’étais passé par là en solo (c’était en 2009 !) me paraît tout à coup très compliqué… Une fois les vires passées, court moment de répit jusqu’au refuge du Sélé, puis on attaque la descente de la fameuse barre du Sélé. Là, c’est l’enfer pour moi. Je sais que ce type de terrain facile en apparence est propice à l’accident « bête », surtout de nuit, fatigué, avec la neige et le verglas sur les rochers. Je ne suis vraiment pas rassuré, le style n’y est pas, mais tant pis ! Là encore Fred m’assure comme il faut et nous voilà enfin arrivés sur les sentiers caillouteux du vallon du Sélé. Yes ! On fait une pause pour se désencorder, avaler le peu de boisson qu’il nous reste, et comme le téléphone passe tout juste on en profite ! j’envoie un SMS à Pat pour la rassurer. Et puis je prends sur moi pour faire un dernier effort et suivre Fred qui part sur un rythme soutenu pour finir la descente, et nous n’avons « plus qu’à » nous laisser rouler pendant près de 2h… Les jambes font mal, le sac à dos aussi, et ce sentier qui n’en finit pas ... Il est environ 22h30 lorsque nous arrivons à la voiture, accueillis par la copine de Fred avec fougasse au roquefort et Orangina ! NB : elle est anglaise ;-)

Après 20h d’effort, je retrouve le chalet, j’appelle Pat, je prends une douche et je me glisse sous la couette, exténué et heureux. Ce fut l’une de mes courses les plus éprouvantes, physiquement et psychologiquement, et aussi l’une des plus belles. Gravir une des faces nord du Glacier Noir était un rêve depuis mes débuts en montagne, et je rends Grâce au Seigneur de m’avoir permis de le réaliser. (Merci tout particulièrement à Pat car il est difficile d’attendre d’avoir des nouvelles…)
Voici un montage photo qui illustre cette aventure (avec une spéciale dédicace à Patrick pour la bande son !)
 

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